L’organisation
L’usine de Le Faouët compte 12 machines de récolte à petits pois, qui sont utilisées pour la récolte de tous les agriculteurs de la coopérative le souhaitant. Cela permet aux agriculteurs de cultiver des légumes sans avoir à acheter les machines de récolte associées.
En tant que chauffeurs, notre tâche est de conduire les machines de récolte de petits pois dans les champs, mais aussi sur la route pour nous rendre chez les différents agriculteurs.
L’organisation est la suivante :
Chaque mécanicien se voit attribué 2 machines et 2 équipes de 3 personnes avec 1 chef d’équipe. C’est lui qui reçoit les consignes de la technicienne et qui reçoit le fourgon de prêt dont il est responsable. Il doit définir les heures et lieux de rendez-vous en fonction des domiciles des autres membres de son équipe.
Chacune des équipes travaille 12h avec les 2 machines jusqu’à ce que l’autre équipe vienne prendre le relai. Chaque semaine nous échangeons les rôles , l’équipe de nuit passe de jours et inversement. Les plannings entre jour et nuit diffèrent légèrement, l’équipe de jour doit s’occuper du nettoyage quotidien des machines.
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De nuit nous nous donnons rendez-vous entre 18h et 18h30 et nous nous rendons au champ avec le fourgon afin de ne pas abîmer ou salir nos véhicules personnels dans les champs et chemins. Après un court débriefing avec l’équipe de jour, Ludovic notre mécanicien et Pauline notre technicienne nous démarrons la récolte à 19h, nous terminerons lorsque nous aurons rempli notre quota de tonnage quotidien. Si nous ne parvenons pas à terminer l’équipe de jour reprendra le relai à 7h le lendemain matin. |
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Lorsque nous somme de jour la procédure est la même, rendez-vous entre 6h et 6h30, arrivée au champ, débriefing et à 7h nous entamons la récolte. L’équipe de jour a cependant une mission de plus, il s’agit du nettoyage quotidien des machines. En effet, la plante de petit pois est très humide ce qui fait qu’elle a tendance à coller un peu partout sur les machines, il est donc indispensable procéder à un nettoyage quotidien des zones mobiles (tapis, ventilateurs, galets enrouleurs…) afin de limiter au maximum le risque de panne et de bourrage de la machine. |
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La Récolte
Ensuite vient la récolte en elle-même, c’est la majeure partie du travail :
Nous sommes répartis en équipes de 3 personnes pour 2 machines, ce qui fait qu’il y a toujours quelqu’un qui ne conduit pas. Bien sûr, nous tournons régulièrement afin que tout le monde fasse toutes les tâches. La personne qui ne conduit pas les machines a tout de même un rôle très important :
- Chaque benne remplie doit être identifiée, il faut donc remplir une feuille qui contient le code de la parcelle, la variété récoltée, les heures de récolte, les problèmes ou corps étrangers qui pourraient être présents(huile ou gasoil en cas de fuite, morceaux de verre, terre, cailloux…) ainsi que nos numéros de chauffeur.
- Il faut aussi prévoir les futurs changements de champs, c’est la partie la plus délicate. En effet, les machines ont un gabarit très imposant (4m de largeur,

Les parcelles en vert sont les parcelles que nous devons récolter. Elles sont identifiées par un code unique du type I8 225 afin de les repérer. 4m de hauteur et 12m de long pour une masse de 24 tonnes), nous ne pouvons donc pas emprunter n’importe quelle route. La tâche va donc être de repérer les ponts, petites routes, centres villes… qui pourraient poser problème grâce à la carte qui nous est prêtée et Google Maps. Il faut ensuite se renseigner (se rendre sur place, appeler les mairies…) pour savoir si nous pouvons emprunter l’itinéraire avant de nous engager.
Pour l’anecdote, lorsque nous nous déplaçons, même si nous sommes la nuit et qu’il n’y a personne sur les routes Google Maps détecte des bouchons à cause de notre vitesse de 21km/h sur route. Ici, il était 3h30 du matin.
- Enfin, il est courant de prendre quelques minutes pour suivre à pied chacune des machines afin de vérifier qu’elles sont bien réglées.
Les 2 autres personnes qui eux conduisent les machines s’occupent de la récolte :
- Lorsque nous arrivons dans un nouveau champ, il y a une première phase de détourage, ça consiste à faire 4 tours du champ afin de nous laisser de la place pour manœuvrer par la suite.
- Une fois cette phase terminée, nous découpons le champ en bande d’une vingtaine de mètres en suivant les traces laissées par les tracteurs lors des traitements, ça nous permet de récolter le plus efficacement possible.
- Lorsque nous avançons avec la machine, celle-ci récolte tout : les gousses et les fanes, le tri se fait dans la machine. C’est une des raisons qui fait que nous avançons à une vitesse très basse, entre 1 et 2,5 km/h. Tout passe ensuite dans le batteur qui tourne à plus de 200 tours/minute dont le but est de casser les gousses et de faire tomber les pois à travers les grilles qui entourent ce batteur. Après ça, les pois passent dans un trieur qui est une grille composée de trous plus petits que la grille du batteur afin de rejeter les fanes qui sont passées plus tôt. Les pois sont ensuite envoyés dans la trémie, celle-ci a une capacité d’environ 2 tonnes ce qui correspond, suivant le rendement, à 30-45 minutes de récolte. Une fois cette trémie pleine, nous la vidons dans les bennes au bord du champ qui ont été préalablement déposées par des camions ou des tracteurs. Ces bennes ont une capacité de 10 tonnes et il faut veiller à ne pas dépasser ce chiffre car les camions peuvent se retrouver en surpoids.
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- Les quantités à récolter sont fixées par un technicien en fonction de la maturité des champs et des capacités qui peuvent être absorbées par l’usine. Ce technicien nous donne donc un nombre de bennes en début de journée ou de nuit et nous devons nous y conformer. Il arrive que nous n’ayons que 2,3 ou 4 bennes à faire, dans ce cas une fois cette quantité réalisée, nous pouvons rentrer chez nous. Il arrive aussi qu’il y ait 10 voire 12 bennes à réaliser et dans ce cas nous n’arrivons pas toujours à terminer avant que l’équipe suivante n’arrive, dans ce cas elle doit généralement rattraper notre retard.
- Cependant, nous ne sommes parfois pas maîtres des événements et il arrive très souvent qu’il y ait des imprévus : panne sur une machine, mauvaises conditions climatiques, panne du camion d’approvisionnement en gasoil. Nous avons également dû faire face à une grève des chauffeurs de camion qui s’occupent du transport des bennes, elle a duré plus d’une semaine et nous a beaucoup ralenti.
Les déplacements
Les déplacements en machines sont quotidiens, pour les 2 conducteurs de machine il n’y a qu’à suivre le fourgon qui les escorte. Cependant, cohabiter sur la route avec les autres usagers n’est pas toujours facile. Bien que l’itinéraire soit préparé pour éviter les routes impossibles à emprunter, certaines routes demeurent très étroites notamment en campagne où nous sommes amenés à croiser tracteurs, camions, bus scolaires… Nous avons plusieurs fois fait face à des situations où soit nous, soit le véhicule en face avons dû faire une marche arrière.
Il est également difficile pour nous d’accéder aux centres-villes qui sont souvent aménagés avec des chicanes, ronds-points ou des rues étroites. Nous avons, un jour, été forcés à faire une marche arrière en plein centre-ville de Morlaix sur plus de 300m car un véhicule mal stationné nous bloquait la route.
Notre équipement
Pour mener à bien notre mission, nous avions plusieurs choses à notre
disposition. Nous avions tout d’abord un fourgon qui nous servait à nous rendre dans les champs sans utiliser et abîmer nos véhicules personnels. L’avantage d’un tel véhicule est qu’il nous permettait de transporter toutes nos affaires : vêtements de rechange si nous nous retrouvions trempés, recouverts d’huile ou encore de boue et de nous changer facilement à l’intérieur. Nous pouvions aussi transporter une glacière pour tenir au frais nos repas. Lorsque nous utilisions le fourgon pour escorter les déplacements, nous devions y accrocher un gyrophare ainsi qu’un panneau « Convoi agricole » qui nous étaient fournis.
L’entreprise nous a également offert à chacun une paire de chaussures de sécurité qui était obligatoire ainsi qu’une paire de gants et une combinaison que nous utilisions pour les opérations les plus salissantes.
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