Les horaires
Les conditions de travail sont particulièrement difficiles. Le plus compliqué est le rythme, cette année, j’ai réalisé en moyenne 9h15 par jour sans compter le temps de route, on peut ainsi facilement rajouter 30 à 40 minutes à ce chiffre. En plus du nombre d’heures élevé, le changement de rythme jour/nuit est très compliqué. De plus, nous avons très peu de temps le week-end, en effet lorsque nous sommes de jour, nous travaillons du lundi matin au samedi soir, de nuit c’est du dimanche soir au samedi matin.
Les nuisances
Nous sommes également exposés aux aléas climatiques quasi quotidiennement: pluies, canicules, brouillard.
De plus, nous avons aussi à supporter le bruit des machines qui, bien qu’il ne soit pas très fort, est très fatigant à la fin de la journée.
C’est aussi très dur physiquement puisque le nettoyage des machines, qui a lieu à la fin de la journée, correspond à 1h où nous devons gratter et frotter tous les éléments de la machine et ce peu importe les conditions climatiques. Ici un exemple de ventilateur après nettoyage, on peut voir au sol tout ce qui a été retiré pour laisser passer l’air. Lorsque le temps était très humide il arrivait que ce ventilateur se bouche complètement.
Les avantages
L’avantage que nous avions est que nous travaillions dans les champs, nous étions donc très libres dans notre organisation. Nous recevions peu d’ordres de nos supérieurs hiérarchiques et avons parfois pris la liberté d’aller déjeuner au restaurant si nous avions le temps. Si nous faisions notre travail convenablement, c’est-à-dire ne pas abîmer le matériel, nettoyer les machines quotidiennement et récolter les champs correctement, nous gagnions la confiance de nos supérieurs et donc plus de liberté dans notre travail.
Difficultés rencontrées
Les difficultés que j’ai rencontrées avec mon équipe ont été très variées et liées à des causes très diverses. Elles peuvent être des problèmes d’organisation, des pannes sur les machines ou les conditions climatiques.
- Gasoil
La première difficulté a été un problème d’approvisionnement en gasoil, les machines fonctionnent presque toute la journée, il faut donc faire le plein de 800L tous les matins. Or, un matin, le camion de livraison est tombé en panne. Arrivé au champ à 7h pour commencer notre journée, nous avons dû attendre 10h avant de pouvoir faire le plein et démarrer la récolte. Cela a entraîné un gros retard et une grosse pression sur nos épaules pour rattraper celui-ci ce qui était pour nous impossible car nous ne pouvons pas récolter plus vite que ce que les machines le permettent.
- Pluies
Lors du mois de juillet, les conditions climatiques ont été très compliquées à cause des pluies. Les champs étaient très humides et c’était parfois très dangereux de récolter dans les champs en pente. Nous avons d’ailleurs plusieurs fois arrêté de récolter car, soit les machines dérapaient trop, soit il nous était impossible de récolter correctement car c’était trop humide.
Malgré notre vigilance, une nuit Mathieu s’est retrouvé embourbé lorsqu’il récoltait dans un champ en pente. Je n’ai pas pu prendre de photos car il faisait nuit noire et que le flash de mon téléphone ne suffisait pas. Cela a eu lieu vers 23h30 et nous avons donc continué la récolte avec une seule machine pendant toute la nuit ce qui rend le travail très long car deux fois moins rapide. Évidemment, nous n’avons pas pu tenir nos délais et le lendemain matin à 7h notre mécanicien Ludovic a dû organiser l’extraction de la machine qui a nécessité 2 tracteurs avec 2 treuils afin de sortir les 24 tonnes de la boue.
- Pannes
Au cours de la saison, nous avons rencontré de nombreuses pannes avec nos machines. Bien que notre mécanicien suivait les machines quotidiennement, il nous arrivait forcément des imprévus : cailloux, pompe hydraulique qui se met à fuir, problème électronique à cause d’un fil coupé… Une des panne les plus impressionnante que nous avons rencontrées a été un vérin hydraulique qui s’est fendu et qui a totalement cessé de fonctionner. Pour récolter correctement les machines sont montées sur 4 vérins qui font en sorte, grâce à des capteurs, que la machine soit toujours de niveau. C’est un de ces vérins qui a cassé, cela a eu une grosse répercussion puisque, non-stabilisée par ce vérin, la machine a basculé et s’est retrouvée sur le côté. Bien que l’accident paraisse impressionnant, le chauffeur n’a pas été blessé.
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Suite à cela, il nous a été confié une machine de remplacement le temps de remettre celle-ci sur ses roues et en état. Ça a nécessité de gros moyens près de 6 jours de travail pour notre mécanicien.
J’ai pu m’entretenir avec Louis le chef mécanicien et celui-ci m’a avoué que ce type d’accident est malheureusement plutôt banal et survient en moyenne tous les 2 ans, les blessures sont cependant très rares. Cette année sur un autre secteur de récolte que le mien une autre machine à petit pois s’est retournée mais elle sur la route ce qui aurait pu entraîner des dégâts beaucoup plus importants. Lien vers l’article ici.
Ce type d’accident intervient généralement dans les champs et à faible vitesse ce qui limite les risques pour les chauffeurs.



